mardi 30 avril 2013

7 femmes, de Lydie Salvayre



Ces femmes, tu ne les connais peut-être pas. Tu les imagines en héroïnes de roman ou de cinéma*, en membres d'un gang de filles dont tu n'as pas idée. Elles se nomment Emily Brontë, Marina Tsvetaeva, Virginia Woolf, Colette, Sylvia Plath, Ingeborg Bachmann, Djuna Barnes. Elles répondent à l'appel de Lydie Salvayre, flamboyante meneuse de mots. Cette dernière va mettre de l'ordre dans les rangs.  

Ces femmes sont écrivains. Celles pour qui vivre c'est écrire et écrire c'est vivre. Celles pour qui prendre la plume ne relève plus du choix, mais davantage du combat. Le feu brûle en elles, et la douleur leur octroie du génie. Malheureusement, il arrive parfois qu'elles se laissent consumer totalement. 
Tu en apprends beaucoup sur elles, de leur vie de rêves et de colères, de leurs instincts. Tu les découvres courageuses et exigeantes, sauvages et passionnées. Pour elles, tu t'offusques de ce monde qui ne leur accorde que trop tard une juste reconnaissance. 

Tu te rends compte qu'elles te plaisent, ces femmes, qu'elles ne te laissent pas indifférent. Tu as même tremblé pour certaines d'entre elles, touché par ce quelque chose d'absolu qui les anime. Oui, tu les aimes déjà, et tu vas les lire. Tu te dis qu'il n'est jamais trop tard pour les rencontrer.

*Je te propose ici quelques romans (et quelques films)
autour de Virginia Woolf : The hours, de Michael Cunningham, 10-18, ainsi que l'adaptation de Stephen Daldry avec Nicole Kidman.
autour d'Emily Brontë : Quand j'étais Jane Eyre, de Sheila Kohler, Mercure de France.
autour d'Ingebor Bachmann : Ordalie, de Cécile Ladjali, Actes sud
autour de Sylvia Plath : Les femmes du braconnier, de Claude Pujade-Renaud, Actes sud ; Mourir est un art, comme tout le reste, d'Oriane Jeancourt Galignani, Albin Michel.
autour de Colette : Colette, une femme libre, téléfilm de Nadine Trintignant avec Marie Trintignant.

vendredi 26 avril 2013

A moi seul, bien des personnages, de John Irving


La question ne se pose pas. Tu sais que depuis Le monde selon Garp, succès tant critique que public, John Irving est devenu une valeur sûre des lettres américaines. Tu attends donc beaucoup d'A moi seul, bien des personnages, tu espères que son talent soit au rendez-vous et que sa plume te séduise à nouveau. 

Le jeune Bill, lui, s'en pose des questions. Surtout à l'âge où se pointe le désir et que les "béguins" s'accumulent et divergent. Pour y répondre, direction la bibliothèque, avec ses romans, sa bibliothécaire aussi. 

Il ne faut pas te voiler la face, la route vers l'affirmation de soi ne se fera pas sans épreuves, ni sans humour. Et pour t'accompagner, tu as droit à un guide d'honneur* : Shakespeare, car il est le maître du genre pour ce qui est de jouer avec les faux-semblants. 

Tu verras, Bill s'avère être un professeur de désir bien particulier. Avec lui, tu avanceras hors des sentiers battus. Et tu le remercieras de t'avoir affranchi de bien des a priori. 

*le titre est tiré d'un vers de Richard II : "Je joue donc à moi seul bien des personnages dont nul n'est satisfait."

lundi 22 avril 2013

Pornographia, de Jean-Baptiste Del Amo


Le titre accroche comme une pute sur un trottoir. Il a cependant l'élégance des lettres rouges sur fond crème. Dans la blanche de Gallimard, tu découvres donc Pornographia de Jean-Baptiste Del Amo. (Souviens-toi, un jeune écrivain, bonne gueule, qui a dû changer son nom car on publiait un homonyme au même moment et dans la même collection*, ce qui ne l'empêcha pas de figurer sur nombreuses listes de prix et d'obtenir le Goncourt du premier roman  avec Une éducation libertine en 2009.)

Ne t'y trompe pas, la chose est à prendre dans ses racines grecques. Tu dois alors comprendre : peinture de prostitué(e)s. D'autres y ont déjà frotté leur plume, Rimbaud, Genet, et  je ne les cite pas par hasard.

Quant au sexe, rassure-toi, tu en auras à revendre. Il est brut, organique. Il suinte et enivre, un florilège d'odeurs et de fluides corporels. Il trouble autant qu'il excite. Tu pourrais trouver cet acte lassant, risible, voire révoltant. Sache que je ne suis pas là pour te faire la morale.

*Il s'agit de Tristan Garcia, auteur cette même année de La meilleure part des hommes, chez Gallimard.


vendredi 19 avril 2013

Le Linguiste était presque parfait, de David Carkeet


En ce jour où tu découvres ces lignes, je ne t'apprendrai rien de plus sur David Carkeet sinon ce que dit la jaquette, que Le linguiste était presque parfait, son premier roman, est publié en 1980 et que nous sommes en 2013. Je ne te fais pas l'affront de t'éclairer sur la référence à Hitchcock.*

Je te l'avoue, c'est un choix audacieux. Un groupe de linguistes à l'humour douteux, une institution loufoque à prendre très au sérieux, rien de tel pour te désorienter. Ouf, un meurtre est commis. Tu sais maintenant où tu t'aventures, tu n'as qu'à te laisser guider. 

Comme avec tout roman du genre policier, tu aimes à jouer les détectives. Tu paries sur tel ou tel, tu te gardes - bien sûr - de l'exprimer pour au final admettre que 1. tu n'a rien vu venir, ou que 2. si, tu le savais. Et dans ce monde un peu dingue, tu t'imagines que les règles ne varient guère. 

C'est donc à toi de jouer. Décontracte-toi, dans cette affaire, tu verras, on plaisante beaucoup. Sauf peut-être avec le langage...

* Le roman est paru sous le titre Double Negative, l'allusion ne concerne donc que le titre traduit.