mardi 26 novembre 2013

Comme les amours, Javier Marías




Tu ne sais à quoi t'attendre quand tu te lances dans Comme les amours, de Javier Maas. Tu lui trouves quelque chose d'intriguant, un charme quasi hypnotique. Alors tu es comme pris au piège. Soit. A présent, rien ne t'y délogera.

Tu rencontres María Dolz dans un café où, chaque matin, elle avait plaisir à observer un homme et une femme assis non loin d'elle, image apaisante d'un couple parfait. Mais voilà, l'homme s'est fait sauvagement poignardé et le rituel n'est plus. La femme pourtant ne disparaît pas tout à fait, et quand elle la retrouve, María sort enfin de sa réserve.

Puis c'est au tour de Javier Díaz-Varela de faire son entrée. Toute l'attention de María se porte alors sur ce beau parleur qui gravite autour de la veuve. Si elle lui imagine mille intentions ne lui laissant que peu de place, elle ne refuse pas de succomber à son charme. Mais son intuition est juste. Et rien finalement ne la détourne de ce drame dont elle découvre malgré elle la coulisse.


Entre la tension et le doute, entre l'espoir et la jalousie, face à l'amour et à la morttu entends bien ce coeur humain qui se débat avec une virtuosité déconcertante. Et pour mieux te guider, le colonel Chabert ou encore Milady de Winter, personnages à jamais tes contemporains. 

Comme les amours, de Javier Marías, est publié chez Gallimard.

lundi 18 novembre 2013

Harold, Einzlkind




Il semblerait qu'à défaut de corde, Harold te tende les bras. Car à l'évidence, le roman du dénommé (et imprononçable) Einzlkind s'avère être aussi saugrenu que caustique. Tu n'as pas l'air de t'y tromper. Et, finalement, tu n'y résistes pas.

Harold et du genre empoté et sa vie se résume aux tentatives de tentatives de suicide qu'il pratique dans le hall de son immeuble. Aussi a-t-il une piètre opinion de lui-même et de l'humanité qu'il considère - non, autant dire qu'il ne la considère pas, tout simplement. 

Harold vient de se faire virer. Une drôle d'aubaine qu'il voit vite anéantie quand on lui confie la garde de Melvin, 11 ans, de père inconnu, le cerveau en ébullition et une langue toujours pendue qu'il use sans ménagement. Aux yeux du garnement, la situation est alors idéale pour partir à la recherche de son géniteur.

Et te voilà à affronter les routes de Grande Bretagne. Mais tu te plais en leur compagnie, tu ne les quitterais pour rien au monde. Puis chaque jour a son lot de rencontres et d'observations. Des certitudes s'envolent, rien ne va plus. Place a l'aventure et à l'émotion. Tu n'y vois rien de plus réjouissant.

Harold, d'Einzlkind, est publié chez Actes sud.

mardi 12 novembre 2013

Une vie pornographique, Mathieu Lindon



Des romans au titre un rien provocateur, tout au moins racoleur, tu trouves toujours le moyen d'y fourrer ton nez. C'est comme ça que tu viens à ouvrir Une vie pornographique, de Mathieu Lindon (où il s'avère qu'il est davantage question d'héroïne que de sexe). Et tu tombes dedans.

Perrin forme avec l'héroïne un couple passionnel. Il l'a dans le sang, il l'a dans la peau. Il est un partenaire idéal. Elle, la meilleure des maitresses. Elle lui procure une vie digne de ce nom, avec un semblant de contrôle et de liberté. Mais surtout, elle vaut toutes les jouissances.

Malgré cette certaine sérénité, arrive l'absence de désir, le temps de la séparation. Sauf qu'on ne se débarrasse pas de l'héroïne comme ça. Elle résiste, elle n'en démordra pas. Addiction comme une autre, elle sait s'incarner autrement. A Perrin alors d'y trouver un manque à gagner. 

Un mal pour un bien ? Pas sûr. Mais Perrin a sa logique. Tu peux la comprendre, mais en aucun cas tu ne cherches à lui faire la morale. Tu préfères garder tes distances. Tu es lucide. Et tout cela prête parfois à sourire. 

Une vie pornographique, de Mathieu Lindon, est publié chez POL.

lundi 4 novembre 2013

Une matière inflammable, Marc Weitzmann




Tu ouvres Une matière inflammable de Marc Weitzmann et tu tombes sur elle. Anne Sinclair. Tu te demandes ce qu'elle vient faire là. Dans un roman. Il y a un comme un léger malaise. Et inévitablement, tu sens se profiler l'affaire DSK. Cela ne te dit rien qui vaille. Mais tu as déjà accepté de te laisser embarquer.

Tu te retrouves rue des belles feuilles, à Paris. Un cadre des plus enviables où s'écrit d'une main de fer une mythologie familiale déterminante. Pour Frank, à la grande différence de son paternel, rien ne compte plus alors que de s'y inscrire. A tort ou à raison, tu vas le découvrir bien assez tôt.

Sur la voie de son ambition, la rencontre avec le couple Zimmermann opère une tournant décisif. Il lui ouvre les portes d'une certaine intelligentsia française, monde fascinant et non sans ambiguïtés. Et quand Patrick fait figure de mentor, Paula se révèle en âme soeur déroutante. D'une manière ou d'une autre, Frank va leur consacrer bien des talents. 

Tu sens que la comédie va s'essouffler, que les masques vont tomber. Mais quelle est-elle, cette vérité, avec son doux parfum de scandale? Elle arrive là, l'affaire DSK, venue donner un coup de pouce à ce drame et clore en beauté ce roman qui cache finalement bien son jeu. 


Une matière inflammable, de Marc Weitzmann, est publié chez Stock.