lundi 2 septembre 2013

Kinderzimmer, Valentine Goby



Cette année encore, tu n'y échappes pas. La Seconde Guerre Mondiale est comme un héritage perpétuel qui donne à sa cruelle réalité une matière romanesque inépuisable. Parfois c'est vivifiant, parfois ça t'étouffe. Mais devant Kinderzimmer, de Valentine Goby, il y a une évidence que tu ne cherche pas à refuser. 

Tu es en avril 44. Tu es propulsé à Ravensbrück, un camp pour femmes où sévit une autre guerre. Leur guerre à elles. Contre la faim. Contre le froid. Contre la maladie. Contre la sélection. On s'organise comme on peut. On se vole autant qu'on s'entraide. Surtout, on ne se laisse pas abattre. Mais les corps sont parfois lâches, rien ne peut les faire taire. Ils réclament, se révoltent et se détraquent. C'est pour mieux pourrir.

Mila sait qu'elle n'en sortira pas vivante. Une telle horreur, on ne permettrait pas qu'elle s'ébruite. Pourtant la vie a ses raisons et son corps s'acharne à tenir. Puis il y a l'enfant, qui pousse dans son ventre aux contours encore flous. Elle a jugé bon de le cacher tant il semblait irréel. Quand il naît, quand la vie prend soudain le dessus, c'est une lueur d'espoir, une enjeu bien fragile qui lui dicte de ne pas abandonner.

Ce livre, il te prend aux tripes. Tu es subjugué par cette peinture des corps qui ne t'épargne rien. Et cette force dans l'écriture ! Ca te bouleverse. Tu n'en reviens pas.

Kinderzimmer, de Valentine Goby, est publié chez Actes sud.

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