lundi 30 septembre 2013

Voir du pays, Delphine Coulin




Tu n'es pas du genre à te retourner spontanément sur les filles de Voir du pays. Deux soldates de retour d'Afghanistan, voilà qui manque sérieusement de sex-appeal. Fi, Delphine Coulin mérite qu'on s'attarde sur son roman. Parce qu'elle ose s'aventurer hors des sentiers battus. Parce que son regard est pénétrant et sa plume affûtée. Et parce qu'elle pose les bonnes questions.

C'est parti pour trois jours à Chypre. Ne t'y trompe pas, l'hôtel de rêve, dans le jargon militaire, c'est ce qui s'appelle un "sas de décompression": une étape jugée nécessaire pour se réhabiliter au quotidien. Des vacances pour service rendu, le lâcher prise, tu oublies. Ce serait trop cruel, elles n'y survivraient pas. 

Tu accompagnes donc Aurore et Marine dans cette dernière mission. Ensemble, elles en ont traversé des épreuves, sans compter que depuis le lycée, elles ne se sont plus quittées. L'une a suivi l'autre dans son engagement, a appris à ses côtés la peur, l'humiliation, la violence. Tout avait alors un sens. Là, tu perçois comme une tension entre elles, comme si elles ne se reconnaissaient plus. Comme si leur amitié aussi était en jeu. 

Toi non plus, tu ne peux baisser la garde. Même sans ennemi, la menace court toujours. Tu l'entends gronder de plus en plus fort. Elle te crispe, elle te rend fébrile. Tu t'accroches, car tu es déjà propulsé sur cette route qui va te mener jusqu'au bout de l'enfer. Oui, l'homme peut être un chien ou un loup. Mais c'est bien en monstre qu'il révèle sa véritable nature.

Voir du pays, de Delphine Coulin, est publié chez Grasset.


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